Le poêle alsacien, Kachelofe, Kochlofa ou encore Kunscht, est un appareil de chauffage de masse, au bois, économe en combustibles. Son cœur de chauffe est constitué de pierre ou de béton réfractaire et l’habillage extérieur est recouvert de carreaux de terre cuite vernissés ou de faïence.
Apparu en Alsace au XVe siècle, mais pratiquement disparu à la moitié du XXe siècle, les crises énergétiques et la prise de conscience écologique font redécouvrir ses qualités.
Poêle alsacien : lesquels peuvent revendiquer l’appellation ?
Il existe trois catégories distinctes de poêle alsacien :
- Le poêle de masse d’origine (PDM), extrêmement massif, est adossé à un mur. Le foyer (ou cuisinière), construit séparément dans la pièce mitoyenne, transmet au poêle ses calories par les fumées qui le traversent.
- Ce concept de construction supprime l’enfumage et les traces de suie qui, à l’époque, sont la règle ;
- L’émission de chaleur douce, enveloppante contraste avec celle de l’âtre ouvert qui ne chauffe qu’une face.
- Le "Kunscht", plus tardif, est construit sur le même principe, mais posé sur un socle et souvent agrémenté d’une ou plusieurs banquettes chauffantes, à l’intérieur desquelles circulent les fumées. On en connaît 2 variantes :
- le foyer et le poêle sont toujours séparés, mais situés dans la même pièce ;
- Le poêle combine dans un même volume, l’âtre et l’accumulateur de chaleur.
Lorsque la porte de remplissage est elle-même située dans la pièce à vivre, le mur d’adossement ne constitue plus un impératif. On peut donc construire le poêle n’importe où dans la pièce, y compris en plein centre, pour mieux répartir la chaleur.
- Le poêle autonome, lui aussi habillé de céramique décorée, n’est jamais accolé au mur ni scellé dans le sol. Il est donc déplaçable. On ne devrait plus parler de poêle de masse, mais de poêle à accumulation.
Moins lourds (entre 500 et 1 500 kg), sa plus faible capacité de stockage nécessite au moins deux flambées journalières. La quasi-totalité est équipée d’un hublot ou d’une porte en vitrocéramique, permettant de voir le feu.
Comment fonctionne le poêle alsacien ?
Comme tous les poêles à accumulation, le poêle alsacien stocke la chaleur intense d’un feu de bûches, vif mais de courte durée (2 à 4 heures). Il la restitue lentement (entre 12 et 24 h), sous forme de chaleur douce.
Typiquement, la charge de bois admissible par l’âtre, correspond aux capacités d’accumulation thermique du poêle.
Bon à savoir : prolonger plus longtemps la flambée est improductif car lorsque la capacité d’accumulation est atteinte, la faible convection et le rayonnement lent ne suffisent plus à dissiper la chaleur. Le poêle et la cheminée subissent une surchauffe, potentiellement dangereuse pour leur structure.
Quels sont les trois éléments indissociables d'un poêle alsacien ?
Le foyer, quelquefois double
Le foyer peut être en briques maçonnées in-situ, constitué d’éléments préfabriqués en céramique moulée ou en fonte recouverte de pierre ou de béton réfractaires.
Pour les appareils autonomes, on préfère souvent la fonte, pour sa meilleure conductivité thermique et son aptitude à la préfabrication. Elle facilite, en outre l’emménagement d’une seconde chambre de combustion, destinée à enflammer par injection d’air frais les gaz imbrûlés dans le premier foyer (= effet de soufflet de forge).
L’immense majorité des poêles alsaciens autonomes modernes dotés de ce système, affiche des rendements supérieurs à 80 %. Lorsque ce résultat est obtenu sans l’ajout de foyer secondaire, on parle de poêle "turbo".
L’échangeur, un accumulateur de poids
L’échangeur de température en pierre ou brique réfractaire constitue le cœur de chauffe. Il est traversé par un circuit interne complexe de chicanes dont la fonction est double :
- Échangeur de température. Dans ce parcours, les gaz brûlés passent de 800 ou 900°C, à moins de 300°C, en libérant leurs calories dans les parois.
- Accumulateur de chaleur. La chaleur ainsi captée est emprisonnée dans la masse de brique. Simultanément, commence un nouvel échange, par rayonnement, avec l’air ambiant.
La quantité de chaleur stockée est proportionnelle à la masse de l’accumulateur ou à son volume. En d’autres termes, le temps de chauffe, après extinction de la flamme, est d’autant plus long que plus le poêle est lourd ou volumineux.
Attention : le sol doit être spécialement calculé pour résister à ce poids superflu (entre 1 000 et 6 000 kg). D’où la faible utilisation des poêles de masse dans les étages.
L’habillage, robe de faïence du poêle alsacien
Le visuel de l’habillage doit faire oublier l’aspect utilitaire et salissant du poêle, au profit de l’objet décoratif, tout en participant à l’émission de chaleur.
Cette carrosserie très technique doit donc répondre à des critères précis :
- résistance à la chaleur et aux chocs thermiques ;
- bonne conductivité ;
- étanchéité à l’air et aux poussières ;
- toucher agréable ;
- aspect décoratif.
Les carreaux de faïence glaçurée ou vernissée, réunissent toutes ces qualités et se prêtent à toutes les formes et tous les styles. Ce sont eux qui font de certains de ces calorifères (du nom désuet des appareils de chauffage) de véritables œuvres d’art, signatures de l’esthétisme régional.
Quel prix compter pour un poêle alsacien ?
Selon qu’on le considère comme un mode de chauffage économique ou comme une expression de l’art traditionnel ou contemporain, l’établissement du prix d’un poêle alsacien ne fait pas appel aux mêmes ressorts commerciaux. Par ailleurs, la tendance actuelle, consistant à remettre en état des appareils anciens, ne fait qu’alimenter une certaine démesure.
Nous n’indiquerons donc ici, que des fourchettes de prix relatifs à des appareils neufs, de fabrication artisanale ou industrielle (y compris montage ou installation).
- Poêle de masse fabriqué sur mesure, 4 000 à 6 000 kg : 15 000 € TTC et plus...
- Poêle de masse préfabriqué, sur catalogue, 2 000 à 4 000 kg : entre 10 000 et 15 000 € TTC.
- Poêle à accumulation, fabrication industrielle, 500 à 1 500 kg : entre 1 000 et 3 000 € TTC.
Bon à savoir : Pour l’acquisition d’un chauffage utilisant la biomasse, les propriétaires, locataires ou occupants à titre gratuit d’un logement, peuvent bénéficier sous condition d'un crédit d’impôt de 30 %. (art. 200quater et 18bis de l’annexe IV du code général des impôts), d'un taux de TVA réduit à 5,5 % et d’aides de l’ANAH et des collectivités locales.